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La guerre en Ukraine pèsera encore plus sur la croissance économique qu’on le craignait, reconnaît l’OCDE. Notamment au Canada.

Les experts de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont encore été obligés, lundi, de revoir à la baisse leurs Perspectives économiques. C’est qu’il faut tenir compte d’une inflation qui s’étend et s’enracine dans un nombre grandissant de biens et services, des hausses de taux d’intérêt des banques centrales pour mettre au pas cette montée des prix, et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie qui complique de plus en plus les choses.

« L’économie mondiale a perdu de son élan à la suite de la guerre d’agression non provoquée, injustifiable et illégale de la Russie contre l’Ukraine. La croissance du PIB est au point mort dans de nombreuses économies, et les indicateurs économiques indiquent un ralentissement prolongé », a déploré le secrétaire général du forum qui regroupe les pays développés, Mathias Cormann, en dévoilant la mise à jour de ses prévisions économiques intitulée : Payer le prix de la guerre.

Avant l’invasion, l’OCDE entrevoyait, au mois de décembre, une croissance économique de 4,5 % cette année, et de 3,2 % l’an prochain. Après une première révision à la baisse de ses prévisions en juin, l’institution estime maintenant qu’il faudra se contenter d’un « modeste » 3 % cette année, et de seulement 2,2 % en 2023. Ce serait l’équivalent de 2800 milliards $US de richesse perdue, ou de la taille de l’économie de la France.

La dégradation des perspectives s’annonce plus prononcée encore aux États-Unis, où les prévisions passent de 3,7 % à 1,5 % cette année, et de 2,4 % à 0,5 % l’an prochain. La situation ne sera pas plus facile dans la zone euro (de 4,3 % à 3,1 % cette année, et de 2,5 % à 0,3 % en 2023), directement touchée par la diminution des livraisons de gaz russe.

 L’économie mondiale a perdu de son élan à la suite de la guerre d’agression non provoquée, injustifiable et illégale de la Russie contre l’Ukraine 

Un peu plus éloignée de la crise, mais première victime des mesures de confinement strict de sa politique zéro COVID, la Chine devrait, pour sa part, boucler l’année avec une croissance réelle de seulement 3,2 % cette année, soit son taux le plus faible depuis les années 70, si l’on fait exception de 2020, l’année de la pandémie.

Au Canada

Soumis aux mêmes tendances et particulièrement exposé à l’économie mondiale, le Canada ne sera pas épargné, prévient l’OCDE. Plutôt qu’une croissance de 3,9 %, comme on le pensait en décembre, le pays devra se contenter d’une expansion de 3,4 % cette année, après quoi il devrait faire à peine mieux que la moitié des 2,8 % qu’on lui promettait pour 2023, c’est-à-dire 1,5 %.

L’inflation, quant à elle, finira par s’atténuer, mais très graduellement, avertit l’OCDE. De 6,9 % en moyenne cette année, elle devrait ainsi être encore de 4,5 % l’année prochaine pour les Canadiens, et ce, en dépit d’un taux directeur de leur banque centrale qui devrait atteindre 4,5 % l’an prochain. Cela serait 1,25 point de pourcentage de plus qu’actuellement.

Échaudée, l’OCDE prévient tout de suite que toutes ces prévisions viennent avec « des incertitudes considérables », dont la plupart pourraient aggraver et prolonger les difficultés en cours bien au-delà de 2023. « Parmi ces risques, on peut citer la poursuite des hausses des prix des denrées alimentaires et de l’énergie qui pourrait faire basculer nombre de personnes dans la pauvreté, ou encore l’éventualité de pénurie de gaz avec l’arrivée de l’hiver dans l’hémisphère nord. »

Compte tenu des réserves actuellement disponibles, il est notamment à craindre que les pays européens commencent à manquer de gaz naturel à partir du mois de février, peut-être même dès janvier si le froid se fait plus mordant. Il suffirait cependant de réduire la consommation de « 10 % à 15 % » par rapport à la moyenne des dernières années pour éviter de tomber à sec.

Le prix pour la Russie

Sans surprise, la Russie sera aussi durement touchée, les sanctions économiques transformant une croissance réelle de 4,7 % l’an dernier en des reculs de 5,5 % cette année, et de 4,5 % l’an prochain. Le fait que la Russie continue de tirer d’importants revenus de la vente de son énergie fossile à l’étranger n’est sans doute pas étranger à ce repli économique moins prononcé qu’on l’avait d’abord cru avec l’imposition de sanctions économiques, a admis en téléconférence de presse le chef économiste par intérim de l’OCDE, Álvaro Santos Pereira. Mais ce serait malgré tout « la pire récession pour un pays du G20 en 30 ou 40 ans », a-t-il noté. « Le prix de la guerre est énorme pour la Russie. »

ledevoir.com

 

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