À la veille d'un synode sur l'avenir de l'Église, cinq cardinaux conservateurs ont publiquement demandé au pape François de réaffirmer la doctrine catholique sur les couples gays et l'ordination des femmes.

 

Dans un document officiel publié par deux blogs spécialistes du Vatican, l'Allemand Walter Brandmüller, l'Américain Raymond Burke, le Mexicain Sandoval Íñiguez, le Guinéen Robert Sarah et l'ancien évêque de Hong Kong Joseph Zen interpellent le pape sur la bénédiction des couples de même sexe, l'ordination des femmes ou encore les conditions de l'absolution. Dans leur série de questions, les cinq cardinaux expriment notamment leur inquiétude que la bénédiction de couples homosexuels par l’Église soit envisagée comme « un bien possible ». Pour ces cinq prélats, au contraire, l’état de vie de ces personnes est considéré comme « des situations objectivement pécheresses ».

L’Église a une conception très claire du mariage, répond François, à savoir l’union d’un homme et d’une femme. Tout en rappelant qu'elle ne doit pas oublier « la charité pastorale ». Et de mettre en garde les pasteurs devant la tentation d’être « des juges qui ne font que nier, rejeter, exclure ». Le pape se montre ainsi ouvert à ce que des couples LGBT+ puissent être bénis par des clercs, sans pour autant que cela ne devienne une norme. Dans tous les cas, explique le pape jésuite, il faut savoir discerner.

Ces propos du souverain pontife rappellent combien le regard sur les couples homosexuels reste un sujet clivant pour l’Église catholique, observe notre correspondant au Vatican, Eric Senanque. Ils rappellent aussi cette phrase prononcée en 2016 par le Pape François : « Si une personne est gay et cherche le Seigneur qui suis-je pour la juger ? » s’interrogeait le souverain pontife.

Cette publication intervient à la veille de l'ouverture de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, lors de laquelle plus de 450 membres – évêques, femmes et laïcs – débattront à huis clos pendant un mois sur une série de sujets de société, à la suite d'une vaste consultation de deux ans des catholiques du monde entier. Accueil des personnes LGBT+ et des divorcés, polygamie, prêtres mariés, place des femmes, violences sexuelles : les sujets remontés par les fidèles comprennent une série de questions sensibles et ont fait naître la crainte d'un dévoiement de la doctrine chez une frange conservatrice de l'Église. Pour la première fois dans l'histoire de l'Église catholique, François a aussi ouvert le droit de vote à des femmes et des laïcs non consacrés, une décision qualifiée de « révolution » par les observateurs.

Cette Assemblée générale ordinaire, qui a un rôle consultatif, sera suivie d'une deuxième session en octobre 2024, à la suite de laquelle le pape pourrait éventuellement prendre en compte les conclusions de ces travaux dans un document officiel. Depuis son élection en 2013, le pape François a à plusieurs reprises suscité l'ire des conservateurs, notamment en restreignant l'usage de la messe traditionnelle en latin en 2021.

rfi

 

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